«Il ne s’agit pas de charité ici mais de dignité!» annonce tout de go Melanie Frerichs-Cigli, responsable du partenariat au Complexe socio-culturel Oum Keltoum, chargée d’accueillir les différentes personnalités venues à l’occasion du 10e anniversaire de l’établissement situé au cœur du quartier Sidi Moumen, à Casablanca.
Bassima El Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement, Anne Vandormael, Consul général de Belgique à Casablanca, Driss Guerraoui, Secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental du Maroc... faisaient partie des convives ce vendredi 27 avril. Une journée de réflexion sur le thème: «10 ans d’action sociale, quel bilan, quel avenir? Solidarité et traditions pour un nouveau modèle de développement» a été organisée pour l’occasion.
Au programme: une série de débats et de tables rondes réunissant des acteurs politiques, des universitaires ainsi que des représentants de la société civile. Des témoignages de bénéficiaires, des intermèdes artistiques ont ponctué la journée, organisée dans le très bel espace du Centre culturel El Ghali, faisant partie du complexe.
Restaurer la dignité d’une population marginalisée et en désespérance, la tâche peut paraître insurmontable, dans ce quartier de plus de 350.000 habitants, qui reste l’une des poches de misère les plus importantes dans la périphérie de la métropole la plus riche du Royaume. Les attentats du 16 mai 2003, perpétrés par des kamikazes issus de ce même quartier, n’ont fait que stigmatiser encore plus ses habitants, vus comme des parias ou de dangereux criminels.
C’est dans cette banlieue déshéritée qu’une famille de philanthropes a décidé de construire un centre socio-culturel, avec pour objectif de redonner un sens à la vie des populations les plus vulnérables, ciblant particulièrement les femmes, les enfants et les jeunes. L’édifice, impressionnant par sa taille, rappelle avec ses tuiles vertes, quelque préfecture ou bâtiments officiels.
En revanche, une fois le portail franchi, le visiteur est surpris par les rires d’enfants sortant d’une salle de musique, les murmures d’une classe, où des mères de famille apprennent à lire et à écrire, le ronronnement des machines des ateliers de formations en couture, broderie ou cuisine. L’ambiance est visiblement conviviale, les visages sont souriants et paisibles, les enfants, un brin espiègles, ont l’air parfaitement épanouis.
Nous sommes très loin de la violence que pourrait laisser évoquer l’environnement autour de cette oasis de sérénité. Le secret d’une telle réussite est basé sur une équation simple mais ô combien efficace: Etre + Savoir + Savoir-faire = Savoir-faire! Une formule permettant à chaque bénéficiaire d’atteindre un équilibre physique et psychique lui permettant de poursuivre son développement de façon autonome et indépendante.
Cela commence par un suivi médical offert aux mères et leurs enfants, grâce à la mise en place d’un dispensaire, ensuite par la nurserie permettant aux femmes de déposer leurs enfants avant d’aller travailler et aux petits de bénéficier d’un environnement calme et sécurisé.
Les jeunes désœuvrés se voient proposer des formations diplomantes en parallèle à des activités récréatives, sportives et culturelles: Cours de langues, de musiques, de danses, arts martiaux, ateliers d’art plastique… Une école maternelle, un centre culturel et un jardin de permaculture pour sensibiliser les jeunes du quartier à l’environnement complètent les équipements du centre qui reçoit quotidiennement quelque 1.600 bénéficiaires.
Au bout de 10 ans d’existence, le centre est devenu un véritable lieu d’accueil pour ceux qui n’en ont pas: bébés, enfants en situation précaire, mamans désemparées ou jeunes à la recherche de formation et d’emploi.
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